Qu'est-ce qu'un stupa?
Les stūpas, ces structures mystiques qui parsèment le paysage bouddhiste, renferment-ils bien plus que de simples reliques ? 'Un stūpa est une montagne de l’esprit,' disait un sage bouddhiste. Mais que signifie réellement cette affirmation ? Plongeons dans l'histoire, le symbolisme et l'évolution de ces monuments emblématiques pour dévoiler les secrets qu'ils renferment.
Qu'est-ce qu'un stupa?
Le terme stūpa (sk.), également connu sous les noms de thūpa (pal.), dagoba (cingh.), mchod-rten (tib.), shuaidupo (ch.), dan (jap.), et sotoba (ta.), signifie littéralement "chignon" ou, selon le tibétain, "support d'offrandes". C'est un monument reliquaire typique du bouddhisme, initialement édifié par des fidèles laïcs sur la suggestion du Bouddha pour abriter ses reliques.
Origine et Évolution des Stupas
Les Premiers Stupas
Les premiers stūpa, dont il ne reste pratiquement rien, étaient construits en terre battue et avaient une forme hémisphérique sur une base ronde. Ils s'inspiraient du modèle des tumuli de la préhistoire et des tertres funéraires des tribus aryennes. Ces structures étaient entourées d'un enclos carré et surmontées d'une hampe à ombrelles superposées. Avec le temps, ils furent remplacés par des modèles en dôme sculpté sur une base carrée, faits de briques et de pierres. Au centre de la base carrée (dans l'axe central de l'édifice) se trouvait un reliquaire destiné à recevoir des reliques de saints personnages ou des textes sacrés.
Stupas et Hauts Lieux Bouddhistes
Les premiers stūpa furent édifiés dans les hauts lieux de la vie du Bouddha :
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Lumbini
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Sārnāth
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Bodhgayā
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Kuśinagara
L'ère d'Aśoka
C'est sous le règne d'Aśoka (IIIᵉ s. av. J.-C.) que la construction de stūpa se généralisa. Selon la légende, Aśoka fit édifier de très nombreux stūpa (84 000) pour expier les méfaits et les souffrances causés par ses conquêtes de jeunesse. Parmi les plus célèbres :
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Stūpa de Sāñchī : Le stūpa n° 1, attribué à Aśoka, bien que modifié au fil des siècles, donne une idée des stūpa primitifs. Les portiques ou torāna qui l'entourent furent ajoutés ultérieurement (Iᵉʳ s. av. J.-C.).
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Stūpa de Bharhut (début du IIᵉ s. av. J.-C.) : Bien que détruit, certains éléments comme les balustrades de grès rouge ornées de bas-reliefs sur la vie du Bouddha ont été conservés.
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Stūpa de Nāgārjunakoṇḍa et celui d'Amarāvatī (Iᵉʳ-IIᵉ s.), célèbres pour leurs sculptures narratives.
Stupas au Sri Lanka
Au Sri Lanka, on trouve de grands stūpa hémisphériques d'origine ancienne comme :
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Thūpārāma
- Ruwandeli Dagoba attribué au roi Duṭṭhagāmiṇī (règne : 101-71 av. J.-C.).
Symbolisme des Stupas
Du point de vue symbolique, plusieurs interprétations ont été données à la forme des premiers stūpa :
- Dôme : Représenterait le nirvāṇa.
- Base carrée : La discipline (sk. śīla).
- Parasols superposés : Symbole royal, symbolisant les futures naissances du Bouddha.
- Axe central : Figure le mont Meru.
- Éléments : Terre (base carrée), eau (dôme), feu (flèche), air et éther (parasols).
Évolution des Stupas
Époque Kuṣāṇa (Iᵉʳ-IIIᵉ s.)
Les stūpa de cette époque montrent une évolution avec une base carrée surmontée de trois cylindres, un dôme en forme de cloche orné de lotus et une flèche marquée de nombreux disques étagés.
Stupas Tibétains
Au Tibet et dans les régions influencées par le bouddhisme tibétain, le type classique de stūpa est appelé chörten (tib. mchod-rten). Son symbolisme devient mahāyāniste et tantrique :
- Base carrée : Trône léonin (tib. seng-ge'i khri) avec les quatre illimités.
- Gradins : Formant une pyramide tronquée, symbolisant les cinq voies vers l'Éveil.
- Dôme ou "vase" (tib. bum-pa) : Cylindre élargi contenant des mantras et symboles de l'esprit des bouddhas.
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Sommet : Marqué par une ombrelle, une coupe, un croissant de lune et un disque de soleil.
Symbolisme et Formes des Chörten
Si la base carrée représente le domaine du désir, le dôme celui de la forme et la flèche le domaine du sans-forme, d'autres symbolismes sont lisibles :
- Base : Élement terre et le bouddha Ratnasambhava.
- Vase : L'eau et Akṣobhya.
- Flèche conique : Le feu et Amitābha.
- Ombrelle sommitale : L'air et Amoghasiddhi.
- Soleil et lune : Essences féminine et masculine.
- Nāda : L'espace et le bouddha Vairocana.
- Axe central : Mont Meru, figuré par un "arbre de vie" (tib. srog-shing).
Il existe différentes tailles et formes de chörten, huit formes sont identifiées :
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Tchörten du Sugata ou de l'amas de lotus (naissance) : (tib. bde-gshegs mchod-rten). (1)
La naissance de Bouddha dans le jardin de Lumbini à Kapilavastu, dans le nord de l'Inde, au VIe siècle avant notre ère
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Tchörten de la descente des cieux de Tuṣita : (tib. lha-bab mchod-rten). (2)
Maya Devi, la mère de Bouddha, renaquit dans un royaume divin appelé le Ciel de Tushita, où il lui enseigna son dharma. Ce stūpa représente le retour de Bouddha des royaumes célestes afin de continuer à enseigner le chemin vers l'illumination.
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Tchörten de l'Éveil : (tib. byang-chub mchod-rten). (3)
Après 49 jours de méditation sous un arbre de la Bodhi à Bodhgaya, Bouddha comprit la véritable nature de tous les phénomènes et réalisa que tous les êtres sensibles, sans exception, possèdent le même potentiel d'illumination, la 'nature de Bouddha
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Tchörten du tour de roue du Dharma : (tib. chos-'khor mchod-rten). (4)
Après avoir atteint l'illumination à Bodh Gaya, Bouddha se rendit à Sarnath. C'est ici, dans le parc aux daims, qu'il prononça son premier discours, mettant en mouvement la « Roue du Dharma ». Ce lieu est l'un des sites les plus sacrés, car c'est là que les enseignements de Bouddha ont commencé à se répandre. Aujourd'hui, au-dessus de l'entrée de presque tous les monastères bouddhistes tibétains, on trouve la roue du dharma encadrée par deux gazelles
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Tchörten des miracles : (tib. cho-'phrul-gyi mchod-rten). (5)
Ce stūpa commémore la démonstration des miracles par Bouddha à Shravasti, où il fut défié de prouver son éveil et réalisa un miracle différent chaque jour pendant 15 jours.
Il marque également la résolution par Bouddha d'un conflit au sein de la sangha et son prolongement de la vie de trois mois après qu'un de ses disciples l'eut supplié de ne pas quitter ce monde.
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Tchörten de la réconciliation : (tib. dbyen-bsdum mchod-rten). (6)
La résolution par Bouddha d'un conflit au sein de la sangha.
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Tchörten de la victoire complète : (tib. rnam-rgyal mchod-rten). (7)
Bouddha prolongea sa vie de trois mois après qu'un de ses disciples l'eut supplié de ne pas quitter ce monde.
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Tchörten du nirvāṇa : (tib. myang-'das mchod-rten). (8)
Le passage de Bouddha au nirvāna, un état de paix véritable au-delà de la mort. Avec ses derniers mots, Bouddha exhorta ses disciples à être diligents dans leurs efforts pour atteindre l'illumination. Allongé sur son côté droit et en état de profonde méditation, Bouddha quitta ce monde et passa au nirvāna.
Grands Chörten Tibétains
Le plus grand chörten au Tibet est le chörten-pagode du Paldjor (tib. dPal-'byor) à Shigatsé :
- Hauteur : 33 mètres.
- Forme : Octogonal avec six étages sous le bum-pa circulaire et 108 portes.
- Contenu : 100 000 représentations du Bouddha.
D'autres exemples incluent les cinq chörten érigés autour de Samyé par Trisong-detsen avec une base carrée à trois étages et un dôme hémisphérique.
Stupas au Népal
Les célèbres grands stūpa de :
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Bodhnath
et Swayambhūnath aux environs de Katmandou.
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Cinq stūpa de Patan.
Celui de Bodhnath, appelé Jaroungkhasor, est particulièrement vénéré par les Tibétains. Celui de Swayambhūnath est plus spécifiquement vénéré par les bouddhistes néwars.
Stupas en Asie du Sud-Est
Le stūpa a pris une forme élancée terminée par une flèche pointée vers le ciel, notamment dans l'art birman, comme illustré par :
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Shwedagon à Rangoon.
Développements Notables
Parmi les développements les plus extraordinaires du stūpa, on trouve :
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Stūpa-maṇḍala de Borobudur à Java.
Influence sur les Pagodes et Temples
Les pagodes ou temples à étages développés au Népal et ensuite dans le bouddhisme de l'Extrême-Orient s'inspirent également du modèle primitif du stūpa.
Comme cette pagode moderne à Wudang shan, province du Hubei Chine
